mardi 5 janvier 2016

Les étudiants et le livre


La possession d’ouvrages est un bon indicateur du rapport que l’étudiant entretient avec la lecture et de l’investissement qu’il y consacre. De 1997 à 2006, la proportion d’étudiants possédant plus de cent livres dans leur bibliothèque personnelle est passée de 29,9 % à 25,3 %, et ceux qui en ont moins de dix ont vu leur part augmenter de 7,1 % à 12,9 %. Dans le même temps, la proportion d’étudiants dont les parents ont une bibliothèque d’au moins cinquante livres est restée stable (autour de 75 %). L’amoindrissement du nombre de livres possédés par les étudiants ne traduirait donc pas une baisse de l’héritage culturel, mais refléterait plutôt une différence intergénérationnelle accrue des comportements en matière d’information, de communication et de loisirs.
Le recul de la place du livre touche tous les étudiants, quelle que soit leur origine sociale. Il n’apparaît donc pas comme une conséquence directe de la massification de l’enseignement supérieur, qui est de toute manière antérieure à la période d’observation ici retenue 1.
C’est davantage dans la valorisation grandissante du capital scientifique et technique dans la hiérarchie scolaire au détriment du capital culturel de type littéraire qu’il faut chercher les explications à cette baisse. En effet, la période couverte par les enquêtes de l’OVE a notamment été marquée par une modification du rapport aux études, matérialisée par le développement des filières professionnalisantes (DUT, BTS, masters professionnels, etc.) en réponse à un souci croissant d’intégration sur un marché du travail plus tendu.
Dans ce contexte, la place que l’étudiant accorde au livre reste malgré tout toujours liée à son origine sociale, et ceux qui ont des parents diplômés du supérieur et cadres sont en général les mieux dotés en matière de livres 2. Le poids de la filière d’études demeure lui aussi très important, le nombre de livres possédés étant directement corrélé au type d’études. Les mieux dotés en matière de livres sont ainsi les étudiants ayant fait le choix de baccalauréats puis d’études supérieures les plus littéraires (classes préparatoires aux grandes écoles littéraires, filières lettres et sciences humaines).
La hiérarchie des genres de livres lus par les étudiants est la même depuis 1997 (tableau 1). Ainsi, les étudiants sont principalement consommateurs de romans et de nouvelles. Les bandes dessinées arrivent ensuite, devant les romans policiers et les ouvrages de sciences humaines et sociales. Quel que soit le genre de livres, la proportion de lecteurs baisse depuis 1997, à l’exception des bandes dessinées et des romans policiers. La baisse est particulièrement significative pour les ouvrages relevant de la culture classique (livres d’art, théâtre, poésie notamment) mais elle concerne aussi les romans et les nouvelles.

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